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Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (CPTC)

L’insulte dans le théâtre contemporain européen

L’insulte dans le théâtre contemporain européen.

Ce colloque sera accompagné de manifestations artistiques et culturelles lors d'un focus sur la jeune génération desdramaturges roumains dans le Cadre du Printemps de l'Europe.

Insulte, invective, injure, toutes les modalités de ce que les medias nomment l’incivilité seront interrogées lors de ce colloque consacré à l’extrême contemporain. La démarche, pluridisciplinaire, se rattache aux domaines de la linguistique, des études littéraires ou théâtrales mais s’inscrit dans les champs plus larges de la sociologie, de l’ethnologie, de l’éthique notamment. Les propositions se rattachant à ces différents domaines seront les bienvenues.

On se gardera de considérer l’injure comme échec (de la sociabilité, du discours, de l’échange, de la qualité de la langue etc.). On cherchera à mettre en évidence ses mécanismes, sa fluidité, sa créativité (décrochage de registres, jeux de mots, allusions, mots-valises difficilement traduisibles chez Elfriede Jelinek par exemple) et pour tout dire son efficacité théâtrale.

L’injure ressort de la violence, elle blesse, choque, humilie, vexe ; elle entraîne d’autres propos du même type ou en gradation, voire en transition vers l’acte violent (Anéantis de Sarah Kane) : on s’interrogera sur sa présence sur scène, sur ce qu’elle implique du point de vue du jeu théâtral, sur le dispositif énonciatif qu’elle engage (adresse frontale au public, ou, à l’inverse, enfermement des personnages dans le conflit).

Paradoxalement, ce déchaînement d’affects et de mouvements peut également être paralysie de l’action théâtrale, arrêt sur image violente, mouvement impossible ou avant-action (20 novembre de Lars Noren restitue une violence verbale d’avant le passage à l’acte). C’est notamment l’inscription de l’injure dans la durée, son rapport à la temporalité qui sont là intéressants : l’injure intervient-elle comme une fin (du dialogue, de l’action : on injurie quand on n’a plus rien à dire) ou est-elle départ, se dit-elle comme transition vers l’action ? Est-elle toujours liée à une résurgence brute, non-travaillée, de l’inconscient, une exposition sur scène de cette « autre scène » (Mannoni) qui relèverait du non-dit, du pré-verbal ? Comment dès lors, la stratégie auctoriale travaille-t-elle ce matériau lié à l’accident ou à la maladresse ?

On ne pourra non plus occulter que l’excès verbal a trait au cliché, à une forme de préciosité d’un langage « jeune » ou « trash », attaché à une classe sociale, un environnement culturel (ZEP de Sonia Chiambretto), une classe d’âge (Une envie de tuer sur le bout de la langue de Durringer), bref, l’injure est-elle productrice de sens, de sursaut, de débat ou au contraire propagatrice d’idées reçues ? Peut-on adhérer sans réticences à la théorie des aggro-affects d’Edward Bond et affecter de croire que l’injure en elle-même est constructrice de réflexion, de débat, de prise de conscience ? Qu’on pense par exemple aux excès verbaux de nombreux textes de la nouvelle génération d’auteurs roumains (Stop the tempo, de Carbonariu, A(II) Rh + d’Esinencu, Alina Nelegaet bien d’autres) ou encore au théâtre des « républiques des Balkans » (serbe, croate, bosniaque, macédonien et monténégrin) l’injure est une manière de sortir d’un carcan linguistique marqué par le lissage des dictatures, mais elle risque aussi d’inscrire son auteur dans un autre carcan : il y a une carcéralité de l’injure, une redite qui dégrade et assimile l’injurié à un objet de consommation jetable (comme en témoigne le titre Shopping and fucking de Mark Ravenhill) mais également disqualifie celui qui l’utilise (reproches de facilité, de grossièreté, de vacuité…)

Enfin, l’énonciation d’une injure invite à une réflexion sur la posture de celui qui n’est ni injurieux ni injurié : le témoin, cette figure que la mode du théâtre documentaire a projetée dans la lumière des études et des réflexions universitaires récentes, mérite d’être considéré sous l’angle engageant (moralement, intellectuellement, physiquement) de la vexation d’autrui. Le déchaînement de cette violence langagière est-il l’écho de la forme des relations humaines contemporaines, de l’augmentation des « incivilités » dans la sphère sociale au traumatisme des guerres (ex-Yougoslavie) ?

Le témoin est évidemment aussi le public, pris à parti par la situation. L’injure joue sur la provocation parfois programmée (des titres de pièces comme FUCK YOU, Eu.ro.Pa ! ou Mères sans chatte visent délibérément à choquer mais d’autres comme Fallait rester chez vous, têtes de noeud ou Vous êtes tous des fils de pute ou encore C’est comme ça et me faites pas chier sont davantage de l’ordre de la farce potache, de la blague de connivence que de l’invective humiliante et s’inscrivent dans une longue tradition ubuesque qui désamorce la violence de désunion en comique de cohésion…), parfois relativement involontaire (des représentations de pièces de Roméo Castellucci, de Rodrigo Garcia, de Jan Fabre considérées comme « blasphématoires » et produisant des manifestations de protestation).

Ce sont toutes ces modalités actives, créatives et réactives de l’injure que ce colloque invite à explorer.

Chiffres clé

  • 2500 pages publiques
  • 700 rubriques
  • 50 contributeurs et valideurs
  • 1000 photos en lignes dans la future photothèque

Contacts

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4 Boulevard Gabriel
21000 DIJON

 

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