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Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (CPTC)

Séminaire linguistique 2020

Mardi 29 septembre 2020, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Langues, locuteurs et comportements linguistiques à travers une expérience au C.I.E.F.

Sebastiano Tomarchio, C.I.E.F. Dijon

Comment s’adresser à un public de langue et de culture diverses ? Une fois surmonté l’obstacle de la langue - en utilisant par exemple le français comme langue commune – comment être sûr que la communication soit correctement établie ? Dans ce processus, quel rôle jouent les références culturelles ?  La langue n’est-elle pas après tout l’expression d’une « civilisation » et non pas le contraire ? A partir de ces questions je vais proposer quelques pistes de réflexion, en m’appuyant sur mon expérience en tant qu’enseignant et animateur culturel au sein du Centre International d’Etudes Françaises.

 

Mardi 6 octobre 2020, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Talking to foreigners: opening doors to the desire for words -and more

Michèle Bichot, université de Bourgogne

 The objective of this series of presentations is to highlight different aspects of words and language which may not be sufficiently taken into account in the teaching of English as a foreign language in France. Some central attributes of words and language having been described, connections will be suggested between the very real but neglected characteristics of words and language on the one hand and teaching methods and activities on the other.

The presentation ’s apparently enigmatic title will be explained in Part 1. The question of resistance to learning a second language at school will be discussed and a question will be raised: can this learning be perceived as a form of treason by the learner? The notions of intimacy, norms, and play will be discussed. Then some connections will be made between the different aspects or degrees of resistance and teaching methods and activities.

 

Mardi 13 octobre 2020, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Les sens et les mots. Des rapports naturels entre sensorialité, langue et sémantique

Laurent Gautier, université de Bourgogne

Le développement des sémantiques cognitives conjugué aux avancées méthodologiques liées à la mise à disposition des linguistes de grandes masses de données (corpus) et / ou à la production de données expérimentales a remis au goût du jour les questions touchant à la façon dont le discours « met en mots » les perceptions sensorielles. De là à parler de l’avènement d’une « linguistique sensorielle », ou plutôt « du sensoriel », il n’y a qu’un pas déjà franchi par un certain nombre de chercheurs.

Il s’agira 1) de démontrer l’enjeu que représente la phase de constitution des données d’analyse, dans leurs dimensions d’authenticité, de représentativité et d’homogénéité que ce soit avec ou sans stimulus, 2) de discuter la dimension constructiviste du sens des descripteurs sensoriels nécessitant des modèles d’analyse holistiques reconnaissant au discours et aux interactions le rôle premier et 3) d’illustrer, par le recours à des études contrastives, la dimension culturelle de ces descripteurs.

 

Mardi 20 octobre 2020, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

L’argot ou l’école buissonnière de la langue

Hugues Galli, université de Bourgogne

Il y a trente piges. Il y a belle lulure donc… Une paille, les années quatre-vingt dix ! Du vingtième siècle ! « Une époque que les moins de vingt ans… » Bref, du temps que Zinedine Zidane avait encore du cresson sur le caillou. L’était tout mélanco, l’ancien pisse-copie du Nouvel Obs, qui se font tartir comme des rats morts sur les bancs des bahuts de France et de Navarre). Il avait le bourdon. « Le Blues de l’argot »* qu’il observait. Concurrencé par l’ « argot fast-food ». L’argot à toutes les sauces. Le franglais**, le français kiskoze*** et même bientôt (prémonition ?) le français des técis de Jean-Pierre Goudailler. Dis-moi Saïd, comment tu tchachtes ? Et toi, Vinz ? J’vais en faire un dico****. Et préfacé par Claude Hagège, siouplaît ! Imaginez : « Deux linguistes dans la ville »

Mais voilà qu’on digresse…

C’est peut-être aussi ça l’argot ? Une idée qui en appelle une autre. Puis une autre encore.

Elle est passée où la langue fleurie, la langue verte ? L’argot des « vrais de vrais » ?

On y regardera de plus près, promis. Nostalgiques s’abstenir.

 

Mardi 3 novembre 2020, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

La polysémie du pronom on à la lumière de la psychomécanique du langage

Manar El Kak, Sorbonne Université

L’objectif de cette communication consiste à démontrer comment la psychomécanique du langage permet de rendre compte de la polysémie d’un signe linguistique, renvoyant ainsi à la multiplicité de ses signifiés d’effets en discours à un signifié de puissance unique en langue, le pronom on en étant l’illustration. Car, en discours, ledit pronom possède un ensemble de valeurs contradictoires : celle de 1re personne du singulier, de personnes 4, de personne 5, ainsi que celle de 3e personne du pluriel, tout en imposant un accord syntaxique de 3e personne du singulier au verbe qui l’accompagne. Par conséquent, on constitue le cas typique d’un morphème qui possède n valeurs correspondant à n signifiés d’effets.

Une fois ces données révélées, une approche énonciative de la psychomécanique du langage sera amorcée, et ce, dans l’objectif d’expliquer la présence de la 1re personne à l’intérieur d’un pronom de 3e personne. Cela nous conduit à la fin à identifier le signifié de puissance de on en langue, et à le représenter par un tenseur binaire radical capable de générer toutes les valeurs discursives.

 

Mardi 10 novembre 2020, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Sociolinguistique, sémantique et esthétique : le cas du jazz

Jean Szlamowicz, université de Bourgogne

Nous avons tenté dans notre dernier ouvrage d’aborder une réalité socio-esthétique par le biais du langage. Là où de nombreuses études font l’histoire du jazz ou l’esthétique du jazz à l’aune de leurs préférences ou de biais téléologiques, nous sommes partis des spécificités sociolectales repérables dans les propos et productions des acteurs du jazz. Cela permet de dégager des thématiques et des pratiques qui éclairent la réalité esthétique, historique et sociale.

Ainsi conçue, l’étude du lexique jazzistique sur le plan sémantique, stylistique et sociolectal renvoie à l’univers de connotations et d’usages qui sont le fond culturel propre du jazz et révèle des strates de mémoire fondamentales. On espère ainsi contribuer à cerner ce que désigne le mot jazz lui-même, y compris en croisant sémasiologie et onomasiologie dans le cadre de l’analyse du discours — en particulier pour comprendre pourquoi on prétend si souvent que « le jazz est indéfinissable ».

Ouvrage : Jazz Talk. Approche lexicologique, culturelle et esthétique du jazz, PUM, 2020

 

Mardi 17 novembre 2020, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Langues en danger et revitalisation

Ksenija Ðorđević Léonard, université de Montpellier 3

La question des langues menacées ou en danger, en Europe et dans le monde, n’est pas seulement une « mode », mais un véritable problème de société, lié au développement de la mondialisation, à la globalisation des échanges, mais aussi aux relations de pouvoir inégal entre communautés d’intérêts.

Dans le cadre de ce séminaire, nous nous interrogerons sur les critères qui permettent de juger de la vulnérabilité des langues du monde, avant de présenter les principaux lieux où la diversité linguistique semble condamnée à plus ou moins long terme. Pour chaque grande zone géographique (Europe et Eurasie, Asie, Afrique, Australie et Pacifique, Amériques), nous choisirons quelques exemples qui montrent ce que les linguistes font et sont capables de faire sur le terrain, avec la participation de la communauté linguistique. Les exemples choisis, différents à tous points de vue, participent tous d’une même préoccupation : considérer le phénomène des langues en danger non pas comme une fatalité, mais comme la cristallisation de conflits socioculturels ou socio-économiques, parfois inévitables, souvent injustes.

 

Mardi 24 novembre 2020, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

 Transferts sémantiques : le cas des verbes dénominaux en français

Pauline Haas, université Paris 13

Cette étude propose d’explorer les liens sémantiques entre des bases nominales et leurs dérivés verbaux en français. L’étude se base sur 330 paires N-V dans lesquelles le nom est la base morphologique (Nb) et le verbe est le dérivé par affixation (Vdénom). Les affixes étudiés sont les préfixes a-, dé-, é- et en/em- et les suffixes -ifi(er) et -is(er) : CRÉDIT > ACCRÉDITER, COURAGE > DÉCOURAGER, CRÈME > ÉCRÉMER, BARQUE > EMBARQUER, EXEMPLE > EXEMPLIFIER, FAVEUR > FAVORISER.

Nous souhaitons explorer une hypothèse formulée pour l’anglais par Harley (2005), hypothèse selon laquelle les Vdénom construits sur des Nb comptables sont téliques et ceux construits sur des Nb massifs peuvent être atéliques ou téliques. Nous vérifierons empiriquement l’existence d’un héritage sémantique entre ces deux paires notionnelles lors du passage de la catégorie des noms à celle des verbes, et nous préciserons la fonction (prédicative ou référentielle) de la base nominale dans la construction du sens du verbe dérivé.

 

Mardi 1er décembre 2020, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

 Langues et linguistique : la vulgarisation via les nouveaux médias

Romain Filstroff / Monté de Linguisticae

La vulgarisation est une pratique visant à rendre le savoir accessible. Si simplifier peut paraitre simple, ce n’est paradoxalement pas le cas : c’est en réalité un exercice délicat, qui nous expose aussi bien aux critiques des experts que des profanes. Les premiers pointeront le manque de précision ou les libertés prises avec la réalité scientifique du discours tandis que les seconds pointeront le manque de clarté ou le niveau de connaissances préalable requis pour une bonne compréhension.

La vulgarisation à destination du grand public sur une plateforme comme YouTube expose aussi à des problématiques supplémentaires : il faut captiver l’audience, rendre un sujet vendeur, et dans le cas de la linguistique susciter un intérêt pour une discipline méconnue. La viabilité économique d’une chaine professionnelle dépend souvent de ce seul facteur. Parfois, c’est un autre public que l’on cherche à attirer : des annonceurs, des éditeurs ou des producteurs.

 

Mardi 8 décembre 2020, 15h 00 – 17h 00, Forum des savoirs MSH

"Querelle de l'analogie" : fausse querelle et vrais enjeux

Guillaume Bonnet, université de Bourgogne

En 45 av. J.-C., Varron entreprend enfin de satisfaire la promesse faite depuis quelques années à Cicéron de lui dédier un ouvrage nouveau, et se lance dans la rédaction d'un traité sur la langue latine (De lingua Latina libri). Des vingt-cinq livres de cet ouvrage aujourd'hui ruiné, il en reste trois d'étymologie et trois autres, qui les suivent immédiatement, (8-10) et constituent une approche théorique de la morphologie, interne comme externe. L'approche prend d'abord la forme d'une disputatio in utramque partem dans laquelle les adversaires puis les tenants du rôle structurant de l'analogie confrontent leurs arguments, avant que Varron ne conclue par l'exposé de sa propre conception de l'action analogique en latin, et de ses limites. L'arrière-plan des discours est nettement grec, comme on voit à certains détails, et Varron l'écrit parfois ; pour autant, est-on sûr qu'il a jamais existé dans le monde hellénistique une "Querelle de l'analogie", comme on a appelé cette controverse qui, finalement, n'est documentée un peu précisément que par Varron ? Tenter une réponse, c'est dévoiler des enjeux qui restent actuels pour tous les linguistes.

 

Mardi 15 décembre 2020, 15h 00 – 17h 00, Forum des savoirs MSH

Laissez-moi te tutoyer pendant qu’on se vouvoie !

Samir Bajrić, université de Bourgogne

Les termes d’adresse, nombreux et complexes à travers les langues du monde, créent une source inépuisable de curiosité conceptuelle dès lors que les besoins énonciatifs des locuteurs oscillent entre tutoiement et vouvoiement. Bien qu’elle soit à l’écart des universaux du langage, cette différentiation hante de manière saillante les langues que nous examinons dans cette contribution. Chacune d’entre elles présente des paramètres communs à d’autres langues et ajoute des particularités qui lui sont propres. Les alternances des pronoms d’adresses (fr. tu, toi, vous ; esp. tú, vosotros, Usted, Ustedes ; it. tu, voi, Lei ; all. du, Sie, ihr, Ihr ; sl. ti, vi, Vi) demeurent assujetties non seulement aux contraintes sociales régissant les relations humaines, mais également et de surcroît aux différents états intentionnels qui « sévissent » lors des interactions verbales (B. Coffen, 2002 ; V. Ćosić, 2017 ; C. Kerbrat-Orecchioni, 1990 ; S. Schwenter, 1993 ; P. Molinelli, 2002, etc.). Et que dire de l’allemand qui permet de tutoyer au pluriel ? Cette multitude d’éléments affecte non seulement la linguistique comparée, mais aussi et de surcroît la dimension phénoménologique des relations interpersonnelles.

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