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Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (CPTC)

L'écriture de l'histoire littéraire : questions de point de vue

Responsable : Richard Crescenzo

L’histoire littéraire constitue depuis longtemps un objet privilégié de l’enseignement au lycée et à l’université et elle a donné lieu au cours des années 1990-2000 à des synthèses importantes (travaux de Luc Fraisse, d’Alain Vaillant ou numéros collectifs de la RHLF) ainsi qu’à des entreprises plus ciblées concernant en particulier les questions de la périodisation et du découpage séculaire, de l’articulation entre théorie (poétique) et histoire littéraire ou encore de l’histoire littéraire telle qu’elle est conçue par les écrivains eux-mêmes. Il n’en reste pas moins qu’elle constitue un chantier encore très largement ouvert dont certains aspects demeurent encore peu ou pas explorés. S’appuyant sur les travaux déjà publiés des membres de l’équipe CPTC et sans négliger les tâches habituelles de l’histoire littéraire (établissement de textes, présentation d’anthologies, mise au point sur tel ou tel auteur, livre ou contexte, etc.), l’axe de recherche L’écriture de l’histoire littéraire : question de points de vue entend privilégier plus particulièrement une double réflexion concernant, moins directement l’histoire littéraire elle-même, comme si la notion allait de soi, que la question des usages épistémologiques, idéologiques et sociaux qui la fondent. C’est dire d’emblée que notre démarche se veut réflexive : envisageant les présupposés de tous ordres qui déterminent l’écriture de l’histoire littéraire, les conditions institutionnelles qui la favorisent, aussi bien que les pratiques concrètes de recherche, d’enseignement et de valorisation auxquelles elle est associée.

Trois principaux objets de recherche seront privilégiés :

1. Une première réflexion (à la fois géographique et politique) interroge le point de vue presque exclusivement national à partir duquel est écrite l’histoire de la littérature française depuis la fin du XVIe siècle et a fortiori depuis la IIIe République. À côté d’une histoire de la littérature nationale, écrite par des spécialistes de littérature française et privilégiant, d’un côté, l’engendrement autochtone des œuvres les unes par les autres, et, de l’autre, symétriquement, le rayonnement international des grands auteurs du patrimoine, il s’agit d’interroger le sens de l’adjectif française dans littérature française et de réfléchir aux conditions de possibilité de l’écriture d’une histoire plus attentive aux apports étrangers, aux réactions hostiles ou favorables qu’ils suscitent, aux catégories dans lesquelles ils sont pensés : une histoire conçue à géométrie variable, à la fois (trans-)régionale, (trans-)nationale, (trans-)impériale, voire cosmopolite. On s’intéresse ainsi à des objets privilégiés susceptibles de complexifier ou de mettre en cause le grand récit national : écrivains français ou de langues française résidant durablement ou de manière passagère à l’étranger et reçus différemment en France et en-dehors de la France, figures de passeur entre les cultures et les littératures, voire de transfuges qui relèvent de deux ou de plusieurs appartenances, écrivains catégorisés comme francophones mais dont la production ne saurait relever d’un ancrage géographique unique et définitif du fait des échanges et des migrations accrus dans le cadre de la mondialisation culturelle, caractère peu ou pas nationale de la littérature de jeunesse de grande diffusion internationale, etc. Dans une perspective d’histoire comparée permettant de dénaturaliser les pratiques et d’objectiver les partis pris théoriques, méthodologiques et / ou idéologiques des uns et des autres, on ne manque pas également de s’intéresser aux façons dont est écrite l’histoire de la littérature française à l’étranger et dont les pays étrangers racontent leur propre histoire littéraire.

2. Une deuxième réflexion (disciplinaire) concerne l’écriture de l’histoire littéraire dans son rapport avec l’écriture d’autres histoires prenant en charge des objets avec lesquels la littérature a nécessairement affaire. Se pose ainsi la question de savoir ce que l’écriture de l’histoire littéraire a de spécifique du fait d’être écrite essentiellement par des spécialistes de littérature française, et ce qu’elle a à apprendre des spécialistes d’autres disciplines ayant eux aussi à écrire des histoires. À côté du dialogue avec les historiens stricto sensu mais sans oublier que la temporalité littéraire n’a peut-être pas la linéarité de l’histoire générale (possibilité d’une histoire au rebours), on est d’abord attentif au fait que la littérature appartient au plus large monde de l’art et que son histoire ne saurait se penser sans l’y (ré)inscrire, c’est-à-dire sans envisager les relations de toutes sortes (de complément, d’opposition, de synchronicité, d’autonomie, de rivalité, etc.) qui ont pu se nouer entre histoire littéraire et histoire des différents arts (musique, peinture, danse, architecture, etc). Dans une perspective médiologique, il en va de même concernant l’histoire des objets ou des outils techniques qui permettent des changement majeurs, non pas seulement dans la diffusion et la promotion de la littérature (de l’imprimerie à la télévision et à la tablette), mais jusque dans son contenu, dans les formes qu’elle prend et dans le périmètre institutionnel qui lui est reconnu. Dans cette prise en compte de la manière dont l’écriture de l’histoire littéraire prend en compte les techniques, les savoirs, les arts, tous les discours ou pratiques qui lui sont proches, qu’elle utilise, qui l’utilisent, sans lui être exactement assimilables, on pourra ainsi étudier les relations entre poème, poétique et mise en voix, ce qui permettrait de réfléchir à une histoire littéraire, qui inclurait le sonore et pas seulement l’écrit, ou encore la question de l’émergence d’un style iconique littéraire à l’heure d’une société des écrans.

3. La troisième réflexion (institutionnelle et pédagogique) est consacrée à l’enseignement et plus largement à la diffusion de l’histoire littéraire. Il s’agit dans ce cadre de montrer comment l’écriture de l’histoire littéraire est indissociable des pratiques d’enseignement qu’elle fonde mais aussi de la représentation que la littérature française se fait d’elle-même et de ses différents moments (siècles, mouvements ou écoles) par le biais de ses représentants privilégiés (enseignants, mais aussi écrivains, éditeurs, journalistes, etc.). Cela pose essentiellement la question du canon enseigné et connu et de la hiérarchie entre les textes et entre les auteurs. Ce canon a une histoire, ce canon est pluriel, selon qu’on envisage les ouvrages scolaires, les textes littéraires, les maisons d’édition, la presse, quand on envisage également l’évolution dans le temps de sa composition, des critères qui le fondent et des individus auxquels il est destiné (lycéens et étudiants dans divers contextes, publics habitués à certaines pratiques de lecture, écrivains en voie de professionnalisation croissante, éditeurs se livrant à une promotion éditoriale agressive, etc.). Il s'agit ici de réfléchir entre autres à la constitution de la figure du grand écrivain, que ce soit du côté de sa réception ou en lien avec une histoire des formes éditoriales ou des institutions de consécration (Académies ou prix), mais également aux critères permettant d’établir le caractère mineur d’une œuvre (œuvre pour la jeunesse, œuvre populaire, forme comme le rap, etc.) ou d’un auteur (auteur dit du second rayon, auteur défini comme régionaliste, mais aussi auteur mineur et le revendiquant, etc.)

 

 

 

 

 

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