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Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (CPTC)

Séminaire linguistique 2024

 

Mardi 24 septembre 2024

Séance inaugurale du séminaire (pas de conférence)

Samir Bajrić, université de Bourgogne

 

Mardi 1er octobre 2024, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Apprendre une langue, construire une vie : le DU Passerelle-Etudiants en exil

Claire Despierres, université de Bourgogne

 

Résumé :

Le DU passerelle-Etudiants en exil de l’uB accueille chaque année 80 personnes qui ont été contraintes de fuir leur pays et sont en attente ou bénéficiaires de la protection internationale en France. L’objectif de ce programme est d’accompagner le parcours d’apprentissage linguistique et la reprise d’études universitaires des participants.

Dans une approche holistique, l’équipe développe sa réflexion et la mise en place d’actions prenant en compte les dimensions culturelle (y compris culture éducative), sociale (conditions matérielles de vie et d’apprentissage), psychologiques (polytraumatismes) et affectives (liées à la situation d’exil) des apprenants.

La présentation s’attachera à rendre compte de la complexité de cette situation d’enseignement/apprentissage et de l’indispensable et permanente interrogation sur nos pratiques qu’elle nécessite.

 

Mardi 8 octobre 2024, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Examining recent popular loanwords from English to French: A corpus-based study to understand the linguistic phenomenon dubbed “buzzwords”.

Aliénor Jeandidier, université de Bourgogne

 

Abstract:

Examining recent popular loanwords from English to French: A corpus-based study to understand the linguistic phenomenon dubbed “buzzwords”. Aliénor JEANDIDIER Scholars from several traditions have explored the ways in which neologisms and borrowings may interfere with language. Buzzwords – which are words used suddenly and frequently at a given time – can fall within the category of neologisms as they are words or phrasesthat may be either totally made up, or used in a way that sounds new and impressive to an uninformed audience. With English being the Internet’s lingua franca, buzzwords can be borrowed words or phrases used such that they seem to pervade the French linguistic landscape. As an example, we may cite “buzz” at the end of the 2000s (Fiévet & Podhorná-Polická 2010). This presentation aims to examine the linguistic phenomenon dubbed “buzzwords”. More specifically, we will be looking at buzzwords of English origin in contemporary French. The main question that arises is: why use English buzzwords? To answer that question, the present study – at the intersection of neology, borrowings, and buzz marketing – reports on a corpus-based analysis that empirically explores the uses of a few loanwords that appear in French Web 2.0 publications during the first two decades of the 21st century. Based on the manual analysis of more than a thousand occurrences taken from CanalBlog and French Web 2017, and on the application of the Behavioral Profile Approach (Gries & Divjak 2009, Glynn & Robinson 2014), we show that a word, and a fortiori a borrowing from English, is not a buzzword per se: it is rather a configuration of uses that makes the buzzword.

Keywords: behavioral profile approach, borrowings, buzzwords, neologisms, uses.

References:

Fiévet,A.-C. & Podhorná-Polická, A. (2010). « Étude contrastive de la circulation des néologismes identitaires pour les jeunes ». Neologica, N°4, Paris: Classiques Garnier, pp. 13-39.

Glynn, D. & Robinson, J. A. (eds.) (2014). Corpus Methods for Semantics. Quantitative studies in polysemy and synonymy. Amsterdam/Philadelphia : John Benjamins Publishing Company. Gries, S. T. & Divjak, D. (2009). «Behavioral profiles: A corpus-based approach to cognitive semantic analysis ». In Evans, V. & Pourcel, S. (eds), New directions in cognitive linguistics, Amsterdam: John Benjamins, pp. 57-75.

 

Résumé :

Des emprunts populaires récents à l’anglais : étude fondée sur les corpus pour appréhender le phénomène linguistique dénommé « buzzwords ». Aliénor JEANDIDIER Des spécialistes de diverses traditions ont étudié la manière dont les néologismes et les emprunts interfèrent avec la langue. Les buzzwords, caractérisés par une utilisation soudaine et fréquente à un moment donné, peuvent être considérés comme des néologismes: en effet, il peut s’agir de mots ou d’expressions soit totalement inventés, soit employés de façon à ce qu’ils paraissent nouveaux et impressionnent un public non averti. L’anglais étant la lingua franca d’Internet, les buzzwords peuvent être des emprunts utilisés de telle sorte qu’ils semblent envahir le paysage linguistique français. À titre d’exemple, citons l’emprunt à l’anglais buzz à la fin des années 2000 (Fiévet & Podhorná-Polická 2010). Cette présentation propose d’examiner le phénomène linguistique appelé « buzzwords ». Plus spécifiquement, nous étudierons des buzzwords d’origine anglaise en français contemporain. La principale question que nous posons s’intéresse aux raisons qui entourent l’usage de ces mots : pourquoi utiliser des buzzwords d’origine anglaise en français ? Afin d’y répondre, ce travail, situé au carrefour de la néologie, des emprunts et du buzz marketing, rend compte d’une analyse empirique fondée sur l’étude contextualisée des usages de quelques emprunts sélectionnés apparaissant dans des publications françaises du Web 2.0 au cours des deux premières décennies du XXIe siècle. En nous appuyant sur l’examen manuel de plus d’un millier d’occurrences issues des corpus CanalBlog et French Web 2017, ainsi que sur l’application de l’approche du profil comportemental (Gries & Divjak 2009, Glynn & Robinson 2014), l’étude démontre qu’un mot, et a fortiori un emprunt à l’anglais, n’est pas un buzzword en tant que tel : il s’agit plutôt d’une configuration d’usages qui fait le buzzword.

Mots clés : approche du profil comportemental, buzzwords, emprunts, néologismes, usages.

Références bibliographiques:

Fiévet, A.-C. & Podhorná-Polická, A. (2010). « Étude contrastive de la circulation des néologismes identitaires pour les jeunes ». Neologica, N°4, Paris: Classiques Garnier, pp. 13-39.

Glynn, D. & Robinson, J. A. (eds.) (2014). Corpus Methods for Semantics. Quantitative studies in polysemy and synonymy. Amsterdam/Philadelphia : John Benjamins Publishing Company. Gries, S. T. & Divjak, D. (2009). «Behavioral profiles: A corpus-based approach to cognitive semantic analysis ». In Evans, V. & Pourcel, S. (eds), New directions in cognitive linguistics, Amsterdam: John Benjamins, pp. 57-75.

 

Mardi 15 octobre 2024, 15h 00 – 17h 00, à préciser ultérieurement

Implicite et transcodage

Chantal Rittaud-Hutinet

professeure des universités honoraire / chercheur associé clesthia : langage, systèmes, discours (ea 7345)

université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

 

Résumé :

Quand on veut l’oraliser, l’écrit se révèle souvent ambigu, signe que lorsqu’on parle l’infra-discours, dans ses sous-entendus de toutes sortes – arrière-pensées, second degré, intentions cachées, allusions, double sens – n’est déchiffré que grâce à l’intonation expressive.

Juste retour des choses, un des gros problèmes de la recherche sur l’oralité de l’oral est lié à sa transposition graphique, dès lors qu’elle doit être le miroir fidèle de son contenu en restituant au plus près l’ensemble de ses caractéristiques phoniques.

En effet l’orthographe d’usage, déjà notoirement insuffisante pour restituer la plus grande partie des particularités des sons, est encore moins performante quand il s’agit de la prosodie signifiante : l'écart s’avère encore plus grand avec la réalisation en discours de ses constituants sonores, segmentaux et supra-segmentaux.

D’où ces questions, auxquelles je m’efforcerai de donner quelques éléments de réponse :

- Est-il possible de rendre visible aux lecteurs tout l’implicite de l’énonciation ?

- Comment concrétiser la réalité phonique du sous-texte dans une représentation appropriée et complète ? Peut-on mêler les caractères de la typographie habituelle, avec ceux de l’alphabet phonétique international et d’autres ? Si oui comment, dans quelles proportions ?

- Quelles notations inventer, une fois épuisées les ressources des polices, des styles de caractères, des symboles, des diacritiques, des chiffres, des photos ?

- Le nombre des formes nécessaires pouvant être important, une autre ligne devient vite indispensable sous celle du texte des exemples ; parfois même plusieurs. Combien de lignes supplémentaires sont-elles supportables pour faire apparaître à la fois les indices suprasegmentaux, l’extension syntagmatique des signifiants, des signifiés, les chevauchements de parole, les tons modulés intra-syllabiques ?

- Dans quelle mesure peut-on réussir une ‘bonne’ proportion entre exactitude descriptive, options de transcription et lisibilité, en d’autres termes concilier lecture, reproduction imprimée et rigueur scientifique ?

 

Mardi 22 octobre 2024, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Relations lexico-sémantiques et leur modélisation à travers les fonctions lexicales

Vladimir Beliakov, université Toulouse 2 Jean-Jaurès

 

Résumé :

Les lexèmes sont reliés entre eux par des relations paradigmatiques ou d’équivalence / d’opposition et des relations syntagmatiques ou d’enchaînement, un paradigme étant l’ensemble des lexèmes substituables dans le même contexte et le syntagme étant un groupement de lexèmes.

Ces relations si complexes et irrégulières soient-elles peuvent être étudiées et modélisées de façon systématique. Dans notre exposé, nous examinerons les fonctions lexicales, un outil formel développé dans le cadre de la lexicologie explicative et combinatoire et plus généralement dans le cadre de la théorie Sens <=> Texte d’I. Mel’čuk afin de faire face au choix du mot juste et à la production de la combinaison adéquate. Plus précisément, nous montrerons comment la notion de fonction lexicale permet de mettre en évidence les différents types de liens qui unissent des éléments du système lexical de la langue.

 

Mardi 5 novembre 2024, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

L'article : outil de la définition ou servitude grammaticale ?

Kirill Ilinski, Sorbonne Université

 

Résumé :

Nous nous intéresserons aux mécanismes discursifs qui régissent le choix entre l’article défini et l’article indéfini. Cela nous amènera à essayer de répondre à quelques questions liées à la catégorie de définition, notamment :

Comment définir la catégorie de définition ?

Quels sont les différents cas de la définition ?

Quels sont les facteurs discursifs qui interviennent dans la définition ?

Quel est précisément le rôle de l’article dans l’expression de la définition ?

Et enfin : pourquoi le choix entre l’article défini et l’article indéfini est l’un des sujets les plus difficiles à enseigner aux apprenants étrangers ?

 

Mardi 12 novembre 2024, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Recherches contrastives en linguistique romane

Gorana Bikić Carić, université de Zagreb

 

Résumé :

Dans cette communication, nous nous proposons de présenter le corpus RomCro, conçu à la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Zagreb, et de montrer ses apports aux recherches contrastives en linguistique romane.

RomCro est un corpus parallèle multilingue et multidirectionnel qui contient des textes littéraires écrits en français, espagnol, italien, portugais, roumain et croate. Toutes les langues sont représentées avec des textes originaux et leurs traductions. Nous développons ce corpus depuis novembre 2019 dans le cadre d’un projet conçu à la Chaire de linguistique romane du Département d’études romanes, Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Zagreb en Croatie. En ce moment, le corpus comprend une trentaine de romans du XXème et du XXIème siècles et environ 16 millions de mots. Il est composé de phrases alignées et il est lemmatisé et annoté morphologiquement, ce qui signifie qu'il peut donner des informations non seulement sur les traductions d'un mot, mais aussi sur l'emploi des catégories grammaticales. Il est accessible sur la plateforme Sketch Engine et, en version non lemmatisée, sur la plateforme ELRC (European Language Resource Coordination) 17, sous licence CC-BY-NC-4.0 (Bikić-Carić / Mikelenić / Bezlaj 2023). Le corpus est prévu exclusivement pour l'utilisation académique et non commerciale. Afin de protéger les droits d'auteur, l'ordre des phrases est aléatoire et il n'est pas possible de récupérer un texte dans sa totalité. Nous voudrions souligner le fait que c'est le seul corpus où sont présentés cinq langues romanes et le croate, ce qui le rend incontournable pour des recherches dans le domaine de linguistique contrastive romane en partant d'une langue slave, le croate, mais il peut être très utile aussi pour les romanistes en général, de même que pour les traducteurs ou les professionnels de l'enseignement.

Nous avons utilisé le corpus RomCro, depuis sa création, dans plusieurs recherches sur la détermination du nom (Bikić-Carić / Bezlaj 2020, Bikić-Carić 2020, Bikić-Carić 2022, Bikić-Carić / Bezlaj 2023, Mikelenić / Bikić-Carić 2023, Bikić-Carić / Căpăţînă 2024) et sur l'emploi de l'infinitif (Bezlaj / Bikić-Carić 2021). Comme nous allons le montrer, nous trouvons la comparaison des phrases alignées très utile dans le but de mieux comprendre non seulement les différences et similarités entre les langues, mais aussi le fonctionnement de chacune d'entre elles.

 

Jeudi 19 novembre 2024, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Quand ne pas dire, c'est faire

Chems Eddine Chiheb, université de Bourgogne

 

Résumé :

Notre communication lors de ce séminaire linguistique visera à parler du silence dans la langue pour tenter de le comprendre. Nous nous proposons d’aborder les différentes occurrences du silence qui veut dire quelque chose et qui fait particulièrement un effet dans le discours. En effet, le plus souvent, on traite qu’un aspect du silence, celui d’espace permettant l’acte de langage, tel le vide permettant l’expression de la matière dans l’univers physique. Le silence est parfois employé comme une méthode très parlante selon le moment que l’on choisit de l’insérer dans le discours. Au début, au milieu ou à la fin, le silence n’en demeure pas moins porteur d’une intention d’agir sanctionnée par (l’acte perlocutoire) quand il est suscité intentionnellement par le locuteur. Ici, l’idée est de montrer l’opérativité (en puissance) du silence et l’effectivité de ce dernier dans le discours. L’objectif est non seulement de récuser l’exclusivité d’une définition le réduisant à une immobilité du comportement linguistique, mais également de proposer une nouvelle perspective concernant sa conception notionnelle, celle du lien existant avec le vouloir-dire de la langue.

 

Mardi 26 novembre 2024, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Genres de discours mode d'emploi

Mustapha Krazem, université de Lorraine

 

Résumé :

Depuis une vingtaine d'années, la linguistique "interne" s'intéresse aux genres de discours, constructions linguistiques autrefois réservées aux études littéraires jusqu'à ce que Bakhtine introduise une opposition entre genres premiers (les genres quotidiens) et genres seconds (genres élaborés). Après une description théorique et empirique de ces genres, je montrerai quelques exploitations possibles pouvant bénéficier à l'étude des faits de langue.

 

Mardi 3 décembre 2024, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Traduction de phraséologismes dans les discours politiques

Yanjing Bi, Capital University of Economics and Business

 

Résumé :

Les phraséologismes chinois sont des unités linguistiques au-delà du mot ayant des contraintes lexicales, morphosyntaxiques, sémantiques et conventionnelles. Utilisés par la communauté chinoise depuis longtemps, ils sont structurés et stéréotypés, entre autres, les chéngyŭ成语, les guànyòngyǔ惯用语 et les yànyǔ谚语. Ils sont la cristallisation de la sagesse et la créativité du people chinois et reflètent la pensée, la mentalité ainsi que valeurs culturelles de ce dernier. Il s’agit également du système de signes et de symboles le plus économique et le plus efficace de la langue chinoise tout en ayant le plus grand contenu d’information. Ils sont omniprésents dans les discours oraux et les textes écrits, ils sont fréquemment employés dans les documents politiques. En raison des différences politiques, culturelles et linguistiques, ces formules comportent des ambiguïtés et engendreront des difficultés de compréhension aux locuteurs non confirmés. La traduction des phraséologismes constituera ainsi une grande difficulté et une tâche majeure pour les traducteurs. Nous avons pour objectif d’analyser la traduction des phraséologismes du chinois vers le français, en nous fondant sur des cas concrets et authentiques de traduction dans notre corpus constitué d’une centaine de phraséologismes chinois et de leur traduction en français extrait du rapport du 20e Congrès national du PCC. Notre contribution tente de répondre aux questions suivantes : pourquoi utilise-t-on des phraséologismes dans les discours politiques ? Quelles sont les difficultés à les traduire ? Quelles stratégies de traduction devraient être adoptées dans leur traduction ?

Mots-clés : traduction, phraséologismes, discours politique, chinois, français.

 

Mardi 10 décembre 2024, 15h 00 – 17h 00, salle des séminaires R 03 MSH

Figement et défigements viraux d’énoncés à matrice syntagmatique

Antoine Gautier, Sorbonne Université

 

Résumé :

Cette intervention s’intéresse à des objets linguistiques particuliers, qui sont longtemps restés dans un angle aveugle de la discipline du fait du partage instauré entre les objets de la syntaxe et ceux de la morphologie. Le développement de la phraséologie depuis quelques décennies permet aujourd’hui de couvrir ces territoires.

Les objets étudiés ici sont des structures formées selon les règles de la syntaxe, mais présentant des caractéristiques de figement total ou partiel qui convie à les considérer au moins pour partie comme des items lexicaux. La notion de figement ou de lexicalisation convoquée par les lexicologues permet de rendre compte le processus dont résulte cet état, et ces faits eux-mêmes peuvent être désignés par exemple par les termes de lexie complexe (i.a. Mel’čuk, Polguère), de synthème (Martinet), de mot aggloméré (Abeillé et Godard). À leur tour, l’analyse du discours et divers courants phraséologiques ont produits des termes comme formule, phrasème, etc., pour désigner de tels objets.

Mais nombre de ces unités lexicales obtenues par figement peuvent subir ensuite un défigement, qui altère partiellement leur forme par la substitution d’un ou plusieurs mots ou morphèmes. Ce procédé de défigement aboutit à deux situations:

soit la source de la construction défigée est identifiée sur le mode de l’allusion, ce qui permet des jeux intertextuels variés sur le mode du détournement: Sur Youtube, personne ne vous entendra crier. (Twitter/X, référence au film Alien)
soit la source de la construction défigée n’est pas/plus identifiable, mais la structure défigée comporte malgré tout une partie de signifié non compositionnelle. Cette partie du signifié est de nature connotative, parfois difficile à expliciter, mais elle est stabilisée par l’usage dans un processus qui relève de l’entrenchment: De quoi Oudéa-Castera est-elle le nom ?

Comme l’indique cette notion, ce travail s’inscrit dans une approche fondée sur l’usage, et plus précisément dans le cadre théorique des grammaires de constructions (Fillmore et Kay, Goldberg entre autres).

 

Mardi 17 décembre 2024, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

« Aujourd’hui, maman est morte » ; « Longtemps, je me suis couché de bonne heure » ; […]

ou

La syntaxe dite événementielle : construction et identification

Samir Bajrić, université de Bourgogne

 

Résumé :

Existe-t-il une syntaxe événementielle ou, plus généralement, une manière de parler et d’écrire qui permette aux usagers des langues naturelles d’effectuer des choix (lexique, syntaxe, intonation, etc.) susceptibles d’être perçus comme étant particuliers, saillants et, mutatis mutandis, représentatifs de ce qu’il est communément appelé événement (événement = « ce qui arrive et qui a de l'importance pour l'être humain », Le Petit Robert) ? Et au-delà de ce strict domaine disciplinaire, la notion même d’événement est-elle identifiable et consensuelle ? Comment trancher entre ce qui est un événement – qui a de l’importance pour l’être humain – et ce qui ne l’est pas – qui n’a pas d’importance pour l’être humain ?

En philosophie, l’événement est un concept qui désigne un fait, situé dans le temps, sortant de l'ordinaire du déroulement du temps. En effet, Karl Jaspers soutient que pour être historique, il faut que « l’événement soit un phénomène particulier, unique, irremplaçable, non réitéré » (Jaspers, 1953 : 44). De quoi rappeler l’approche stoïcienne qui en fait l'objet de « sa logique » (le sens comme logique et événement ; voir Warkocki 2013).

En linguistique, certains estiment que « l’événement, ses protagonistes et les données spatio-temporelles peuvent être exprimés par un énoncé » (Kačić, 1988 : 257). Admettons donc qu’Albert Camus ait opté, dans le célèbre roman L’Étranger, pour l’ordre des mots que l’on sait : Aujourd’hui, maman est morte (le circonstant aujourd’hui y est en position initiale) et qu’il ait réfuté l’idée d’une construction phrastique différente de celle-ci, en l’occurrence : Maman est morte aujourd’hui (le circonstant aujourd’hui y est en position finale). Les deux phrases génèrent deux perceptions différentes de l’événementiel et, ce faisant, impliquent une hiérarchie d’analyse en termes de probité des interrogations à formuler. Pour celle-ci, on aura : « Quand maman est-elle morte ? » Réponse : « Aujourd’hui ». Pour celle-là, on se demandera : « Que s’est-il passé aujourd’hui ? » Réponse : « Maman est morte ».

Je tâcherai de poursuivre dans la voie entamée en élargissant aussi bien le cadre théorique qu’un certain nombre de faits de langue censés représenter le phénomène à étudier.

Lire la suite : Séminaire linguistique 2024

  • Séminaire linguistique 2023

    Mardi 19 septembre 2023, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Séance inaugurale du séminaire (pas de conférence)

    Samir Bajrić, université de Bourgogne

    Mardi 26 septembre 2023, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Je déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts

    Jean-Philippe Pierron, université de Bourgogne

    Il est devenu courant que l'expression " je déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts" ouvre nombre de prises de paroles lors de colloques, de conseils scientifiques ou de symposiums. L’apparition d'une telle expression peut être questionnée. Elle exprime a priori le souci de préserver ce que l'on nomme" l’intégrité scientifique. Mais elle le fait au nom d'une conception de l'éthique qui peut être questionnée. L'objet de cette intervention visera à se demander comment de telles formules arrivent dans le champ sémantique d'une société et laquelle. Elle visera ensuite à questionner le fait de savoir si l'on peut vraiment ne pas avoir de conflits d'intérêts ? Et enfin si l'expression d'un conflit d'intérêts est problématique et si oui pourquoi ?

     

    Mardi 3 octobre 2023, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    L'expression du vague en discours juridique et le rôle de l'adjectif

    Arthur Joyeux, université de Bourgogne

    La mondialisation du droit et la création d’ordres juridiques transnationaux modifient la manière dont les règles et normes juridiques sont formulées, interprétées et appliquées. Deux phénomènes importants relèvent de la « normativité graduelle » (Flückiger, 2007) et de la généralisation du « flou » (Delmas-Marty, 1986) ou du « vague » en droit (Endicott, 2000).

    Le standard juridique est l’un des instruments privilégiés de l’expression du vague juridique. Décrit comme une « notion élastique » (personne raisonnable, avantage manifestement excessif, …), délibérément incomplète, non codée par le législateur et dont la signification varie au gré des circonstances, sa face formelle mérite l’attention des linguistes : il donne généralement lieu à des collocations de type N + Adj.

    La communication se propose d’interroger le rôle de l’adjectif dans l’expression de la norme vague. Plus généralement : quelle est la contribution de l’adjectif à la formulation de la règle de droit ? Quelle typologie pragmatique de l’adjectif, catégorie intrinsèquement instable (Orlandi, 2020), peut-on dresser à partir de son emploi par le discours juridique ?

     

    Mardi 10 octobre 2023, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Monisme ou dualisme, schisme constitutif de la didactique du chinois

    Joël Bellassen, INALCO

    La didactique du chinois langue seconde est traversée depuis qu’elle s’est structurée en discipline par une fracture épistémologique, ombre portée de la relation singulière entre langue et écriture en chinois : cette discipline est-elle construite autour d’une unité minimale, le mot, comme dans les langues couramment enseignées, ou bien s’inscrit-elle en rupture en reposant sur deux unités didactiques, le caractère et le mot ? l’approche didactique se doit-elle moniste ou dualiste ? Doit-elle ne conférer à l’écriture chinoise un rôle de simple notation instrumentale de la langue ou bien doit-elle poser d’emblée une dissociation entre un savoir langagier et un savoir graphique, animé par une logique propre et devant faire l’objet d’une transposition didactique spécifique, en partie dissociée de la transmission de la langue ? Le présent article identifie une telle divergence comme un véritable schisme au sein de la didactique internationale du chinois langue seconde.

     

    Mardi 17 octobre 2023, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Vouloir-dire de la langue vs indicibilité du trauma : analyse des verbatim d'un point de vue néoténique

    Monica Paniz, CPTC, GReLiSC

    Depuis quelques années, l’évolution des idées arrive à un tournant où des rencontres systématiques entre différentes disciplines se mettent en place afin de révolutionner et renouveler les modèles épistémologiques traditionnels. Les Sciences du Langage et les Sciences Psychologiques sont, dans ce contexte, pionnières de ce besoin d’évolution dans une optique pluridisciplinaire. Les recherches récentes en matière de manifestations linguistiques du syndrome de stress post-traumatique ont permis l’identification et la théorisation du Syndrome psycholinguistique post-traumatique, une véritable nouveauté séméiologique issue des apports de la linguistique à la psychiatrie. Cette nouvelle entité met en avant une caractéristique cardinale du trauma : son indicibilité. Or, les études récentes montrent que le discours de patients bilingues étant affectés par un trouble de stress post-traumatique n’a pas encore été pris en compte par les chercheurs, ni par les praticiens. Le bilinguisme est à l’heure actuelle une condition dans laquelle, pour des raisons différentes et plus ou moins complexes, de nombreux êtres locuteurs se retrouvent. Par conséquent, il est nécessaire que cet aspect soit pris en considération dans le cadre de l’analyse des verbatim[1] et, de manière plus générale, tout au long de la prise en charge clinique du patient. En effet, un locuteur bilingue ou plurilingue entretient des rapports cognitifs différents avec les langues qu’il parle, ce qui pourrait idéalement lui permettre de s’exprimer avec plus de lucidité et de recul dans une langue plutôt que dans une autre, voire de s’exprimer autrement. De plus, le vouloir-dire de la langue, défini comme étant l’ « ensemble d’éléments qui sont d’ordre mental et par lesquels la langue incite le locuteur à choisir tel type d’énonciation (le dire) et d’énoncé (le dit) plutôt que tel autre »[2], est susceptible d’affecter tout un ensemble d’expressions linguistiques qui pourraient ainsi être confondues avec les symptômes cardinaux du Syndrome psycholinguistique post-traumatique. Afin que le système de soins puisse évoluer et s’adapter à un public plus vaste, il est nécessaire que la linguistique (et plus précisément la néoténie linguistique) fournisse d’apports nouveaux à la psychopathologie, notamment en ce qui concerne les rapports cognitifs existants entre locuteurs et langues du monde.

    De tous ces constats naît le questionnement fondateur de cette communication : que se passe-t-il lorsque l’individu n’est pas seulement confronté à l’indicibilité du trauma, mais aussi au vouloir-dire de la langue ?

    Afin de pouvoir y répondre, nous tâcherons d’analyser d’un point de vue néoténique les récits des patients bilingues blessés psychiques. Dans ce contexte, nous viserons l’identification d’une frontière possible entre les processus linguistiques inhérents à l’indicibilité du traumatisme psychique et ceux respectant le vouloir-dire des langues parlées par les individus concernés. Les résultats de cette recherche seront susceptibles non seulement d’apporter une explication supplémentaire et nouvelle à certains symptômes du Syndrome psycholinguistique post-traumatique, mais aussi de montrer en quelle mesure les acquis théoriques de la néoténie linguistique peuvent être appliqués à des disciplines qui sortent du domaine des Sciences du Langage.

     _______________

    [1] La dénomination « verbatim » désigne, dans le domaine des sciences psychologiques, l’enregistrement et l’éventuelle transcription à des fins analytiques des propos exprimés par le patient au cours de la séance de thérapie.

    [2] Bajrić S., Linguistique, cognition et didactique. Principes et exercices de linguistique didactique, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2009, p. 315.

     

    Mardi 24 octobre 2023, 15h 00 – 17h 00, salle des séminaires R 03 MSH

    La théorie de la voix chez Gustave Guillaume : sémantisme du verbe et valeur(s) du pronom on

    Manar El Kak, STIH, Sorbonne Université

    Le commentaire sportif est presque aussi vieux que la littérature. Mais c'est à partir de la naissance du sport moderne au 19eme siècle, que le commentaire sportif a trouvé une place allant en s'amplifiant dans la presse. D'autre part, ce sous-genre journalistique a saisi, dès leur apparition, les innovations technologiques (photo, radio, internet...). Ma contribution tentera de montrer, à travers l'exemple du cyclisme (et marginalement du foot), comment, historiquement, la préoccupation principale du commentaire a été de tendre vers la concomitance la plus proche possible avec l'événement décrit, notamment par des moyens linguistiques. Cependant, cette quête, poussée à l'extrême, apparaît souvent contradictoire avec la dimension narrative nécessaire au succès populaire des manifestations sportives.

     

    Mardi 7 novembre 2023, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Les indices prosodiques et mimique-gestuels comme marqueurs des opérations énonciatives

    Elena Vladimirska, université de Lettonie

    Dans la présente communication, nous proposons une étude des unités lexicales françaises - notamment, des marqueurs dits ‘d’approximation’ une sorte de, une espèce de, un genre de, et des indéfinis n’importe qui et n’importe quoi - dans une approche pluridimensionnelle qui s’intéresse à la variation sémantique de ces unités manifestée à travers leur réalisation prosodique et mimique-gestuelle (Vladimirska & Turlā, 2022, Vladimirska, 2023 à par.) Notre étude tire sa source d’inspiration de la notion de geste mental à laquelle Antoine Culioli (2011, 2018) a eu recours pour évoquer l’idée d’une activité interne sensorimotrice à laquelle on n’a pas accès, liée à la mobilisation de représentations mentales, également inaccessibles telles quelles. L’analyse des indices mimiques-gestuels qui relèvent de l’observable contribue ainsi à concevoir l’activité de langage comme une activité corporelle dans laquelle les opérations énonciatives sont marquées non seulement par des formes verbales agencées, mais aussi par les gestes des mains et la direction du regard du locuteur. Nous nous focalisons en particulier sur le rôle des indices prosodiques et mimiques-gestuels dans l’organisation de la scène énonciative (Paillard, 2009, 2011,2017). Dans l’interprétation des données nous nous référons également à la théorie énonciative de l’intonation (Morel&Danon-Boileau, 1998) étendue à la théorie des valeurs énonciatives du regard et des gestes des mains (Morel, 2010, Morel&Vladimirska, 2014). Dans l’intention de travailler sur un langage « non momifié » qui « nous révèle ce qu’est l’activité de langage » (Culioli, 2018 : 74), nous nous sommes appuyés sur les données du corpus oral, constitué à partir de la base de données audiovisuelles © YOUGLISH. Les tracés mélodiques, qui visualisent le mouvement du fondamental (la mélodie), les variations de l’intensité et de la durée, sont obtenus grâce au logiciel de traitement du son Speech Analyzer[1]. Les images sont traitées avec l’utilisation du logiciel d'annotation de fichiers multimédias ELAN[2]. L’analyse du corpus motre, en effet, qu’en dépit des spécificités individuelles qui affectent incontestablement les réalisations prosodiques et gestuelles des unités linguistiques en questions, on peut néanmoins observer une part de l’invariant qui relève, selon nous, des variations sémantique et énonciatives de ces unités.

     ___________

    [1] SIL Language Technology

    [2] ELAN (Version 6.2) [Computer software]. (2021). Nijmegen: Max Planck Institute for Psycholinguistics. Retrieved from https://archive.mpi.nl/tla/elan

     

    Jeudi 9 novembre 2023, 10h 00 – 12h 00, salle des séminaires R 03 MSH

     La notion de théorie en linguistique : linguistique théorique et théories linguistiques

    Philippe Monneret, Sorbonne Université

    La diversité des approches contemporaines des phénomènes linguistiques requiert l'élaboration d'une perspective générale en linguistique, qui ne se préoccupe pas seulement de généralisations à partir de descriptions de langues, mais qui prenne également en charge la relation entre les apports de la linguistique générale, descriptive ou typologique et les apports des autres disciplines qui prennent le langage ou les langues comme objets d'étude : philosophie du langage, linguistique informatique, sciences cognitives, etc. C'est cette perspective générale qu'une « linguistique théorique » vise à prendre en charge. Par conséquent, une linguistique théorique conçue de cette façon ne se limite pas à une approche critique des théories linguistiques. Cependant, la question de ce qui est impliqué dans l'usage du concept de « théorie » en sciences du langage fait partie de son programme et elle devra être en mesure d'expliquer notamment pourquoi le terme « théorie » n'a pas le même sens dans l'expression « héorie chomskyenne » que dans l'expression « théorie de l'article » par exemple, ou encore pourquoi on ne rencontre presque jamais l'expression « théorie benvenistienne » seule (mais seulement « théorie benvenistienne de l'écriture », « théorie benvenistienne du performatif », etc.) mais très souvent « théorie guillaumienne », « théorie chomskyenne », « théorie saussurienne », etc. Le propos consistera donc d’une part à tenter de clarifier l'usage de la notion de théorie en linguistique et d’autre part de définir le champ d'une linguistique théorique au sens d'une linguistique généraliste.

     

    Mardi 14 novembre 2023, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Passation de consignes et gestion de classe : l’empan pédagogique des gestes sur les mots

    Isabelle Monin, université de Bourgogne, & Damien Deias, université de Lorraine

    Les gestes professionnels des enseignants, au sens figuré (Bucheton & Soulé, 2009) comme au sens propre (Duvillard, 2017) constituent des faits communicationnels permettant de conduire les objectifs didactiques et pédagogiques de la classe, faire circuler la parole des élèves, accueillir leurs doutes et difficultés, et canaliser d’éventuels comportements perturbateurs. Lors de cette présentation, nous analyserons les « gestes et micro-gestes de l’enseignant » pour (se) mettre en scène et (s’)observer : la posture gestuée, la voix, le regard, l’usage du mot et le positionnement tactique constituent autant de données à prendre en considération que les phrases prononcées. 

                    En prenant appui sur les théories qui encadrent gestes et micro-gestes professionnels au sein de la situation de communication particulière de la classe, nous en analyserons les pratiques à l’aide de séquences filmées. Nous focaliserons alors  notre étude sur la manière dont les enseignants gèrent le maintien de l’attention et conduisent leur classe dans la réalisation d’objectifs pédagogiques. Il s’agira d'observer quels sont les gestes et postures facilitatrices de communication :  celles qui favorisent une certaine fluidité, sources d’écoute et de compréhension, et celles qui, au contraire, génèrent incompréhensions, malentendus, ou constituent des freins à l'objectif pédagogique de la séance.

     

    Mardi 28 novembre 2023, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

      « - Oui ? fit-il en parvenant à faire sonner cette unique syllabe positive comme un rejet total »

    Chantal Rittaud-Hutinet, université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

    Les discours en interactions orales non préparées se caractérisent dans de très nombreux moments par la présence d’une dimension personnelle, l’énonciation spontanée étant rarement neutre ou strictement informative et objective, mais infusée de nos appréciations, de notre caractère et de notre subjectivité – goûts et dégoûts, croyances et doutes, humeurs et états d’âme, sentiments et ressentiments, opinions et jugements.

    Et ce que nous disons de ce que nous disons, nous désirons souvent le transmettre de façon implicite. C’est alors que nous utilisons des intonations expressives, lesquelles se manifestent au travers de signes vocaux, qui sont des signes linguistiques au même titre que les mots.

    D’une grande richesse et d’une grande variété, ces signes sont au cœur de l’acte perlocutoire : ils savent entre autres gauchir le sens dénoté des mots de l’énoncé, le renforcer, le contester, l’infirmer, en réduire la portée, ménager sa face et/ou celle de l’allocutaire.

    Comme nous le verrons avec quelques exemples, les orateurs – hommes politiques, avocats – savent depuis toujours les caractériser à leur façon. Mais en ce début du XXIe siècle l’analyse scientifique systématique de la prosodie expressive n’en est qu’à ses débuts.

    Après une description des dimensions linguistiques de l’intonation – syntaxique, sémantique – et une (re)définition rapide de la prosodie signifiante, seront examinées les moteurs de l’usage de l’intonation expressive, avec ses avantages et ses inconvénients potentiels.

    Puis nous observerons les principaux procédés que découvrent et exploitent les romanciers pour écrire cet aspect de la multimodalité, avant de revenir aux échanges oraux, tout d’abord avec les mots « pauvres », puis avec quelques cas de tactiques interlocutives.

    Si le temps imparti le permet, nous aborderons les questions relatives aux fonctions, au fonctionnement, aux significations des signes vocaux, ainsi qu’au processus de la recherche phonopragmatique.

     

    Mardi 5 décembre 2023, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Retour sur un débat à distance entre Guillaume et Benveniste : personne, langue et discours

    Olivier Soutet, Sorbonne Université

    Centrale au plan anthropologique dans la mise en œuvre du mécanisme énonciatif (plan du langage-phénomène), la personne s’instancie massivement dans la grammaire des langues (plan du langage institutionnel) à travers des formes diverses de systématique, éminemment variables d’un idiome à l’autre : morphologique, morphosémantique et morphosyntaxique. Guillaume aimait à dire que la personne était, saillante ou latente, présente dans toutes les parties de discours, à l’exception, disait-il, de la préposition - mais sans en être sûr, ajoutait-il. D’un autre côté, cependant, la description grammaticale fait droit à des notions comme celles d’impersonnel ou, plus radicale encore, de non-personne (Benveniste). Comment concilier cette double approche ? Faut-il y voir le résultat d’un flou terminologique ou le signe de modalités de présence variables de la personne ? Ces questions seront abordées, sans visée de traitement exhaustif, à partir de faits observables dans le microsystème du verbe français.

     

    Mardi 12 décembre 2023, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    L'intercommunication en crise : la question de la compréhension

    Éric Castagne, université de Reims Champagne-Ardenne

    Depuis au moins la seconde guerre mondiale, on ne cesse d’entendre que la ou les guerres ont été et sont des opportunités pour accélérer le progrès, l’expansion de la mondialisation et de la démocratie, et que les êtres humains n’ont jamais autant communiqué dans toute l’histoire de l’humanité. D’un côté, nous aurions résolu l’obstacle de la distance interlinguistique babylonienne grâce à l’instauration de la langue anglaise en tant que langue de communication internationale par excellence. D’un autre côté, nous aurions résolu l’obstacle de la distance géographique grâce à diverses techniques de communication (réseaux numériques terrestres, sous-marins et satellites, fibre optiques, 5G, smartphones, Internet, etc. pour les technologies les plus récentes). Grâce à la résolution de ces deux obstacles majeurs, l’intercommunication humaine triompherait sur l’ensemble du globe terrestre et même jusque dans l’espace. Pourtant il est un fait incontestable pour peu qu’on échappe au biais d’exposition auquel on est soumis quotidiennement et pour peu qu’on observe finement la communication interhumaine : « l'incompréhension demeure générale. » (Edgard Morin, 1999). L’objectif principal de ma communication consistera à montrer que, contrairement aux apparences, il n’existe pas dans les faits de stratégie d’intercommunication unique, anglaise ou autre, qui pourrait répondre à l’ensemble des besoins créés par les multiples rencontres et situations internationales, et que, contrairement aux apparences, l’incompréhension linguistique n’a cessé de progresser dans le cadre de la mondialisation en expansion.

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  • Séminaire LmM 2022

    Programme 2022-2023

     

    webSport seminaire lmM

     

    13 octobre 2022 (salle R03, MSH, Dijon) 

    - Vanessa Besand : Introduction

    - Henri Garric : « Le match, péripétie du grand récit ? »

     

    24 novembre 2022 (salle de La Nef, 1 place du théâtre à Dijon) :

    - Compagnie Grand Chelem : autour de leur spectacle Libre arbitre

     

    2 février 2023 (salle R03, MSH, Dijon) 

    - Julie Gaucher (Université de Lyon) : autour de sport et féminité / masculinité (titre à préciser)

    - Jean Cleder (Université Rennes II) : « Du document à la fiction : penser une culture du sport. » (à partir de Eddy M 1975)

     

    2 mars 2023 (amphi de la MSH, Dijon) 

    - Raphaël Luis (ENS Lyon) : « Les langages du football » (titre à préciser)

    - Cécile Chaussard (Université de Bourgogne, CREDIMI - Laboratoire de Droit du Sport) : « La législation dans le sport » (titre à préciser)

     

    6 avril 2023 (amphi de la MSH, Dijon) 

    - Bernard Andrieu (Paris Descartes, URP3625 – I3SP, L’institut des Sciences du Sport-Santé de Paris) : « Le corps en formes : quel sport-santé ? »

    - Gaëlle Debeaux (Université Rennes 2) : titre à définir

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  • 2023

    Séminaire LmM 2022-2023

     

    2 février 2023 (salle R03, MSH, Dijon)

    - Julie Gaucher (Université de Lyon) : autour de sport et féminité / masculinité (titre à préciser)

    - Jean Cleder (Université Rennes II) : « Du document à la fiction : penser une culture du sport. » (à partir de Eddy M 1975)

     

    2 mars 2023 (amphi de la MSH, Dijon)

    - Raphaël Luis (ENS Lyon) : « Les langages du football » (titre à préciser)

    - Cécile Chaussard (Université de Bourgogne, CREDIMI - Laboratoire de Droit du Sport) : « La législation dans le sport » (titre à préciser)

     

    6 avril 2023 (amphi de la MSH, Dijon)

    - Bernard Andrieu (Paris Descartes, URP3625 – I3SP, L’institut des Sciences du Sport-Santé de Paris) : « Le corps en formes : quel sport-santé ? »

    - Gaëlle Debeaux (Université Rennes 2) : titre à définir

     

    Séminaire Écriture de l'histoire littéraire. Questions de point de vue

     

    Jeudi 23 février, 14h-16h

    Richard Crescenzo, “"Littérature" : sens et périmètre du terme aux XVIe et XVII e siècles

    Domitille Tirel-Coudert, De la poésie et des sciences, Deux livres de venins de Jacques Grévin

     

    Jeudi 9 mars, 14h-16h

    Virginie Brinker, Poétisation du rap ? Limites, enjeux

    Brigitte Denker-Bercoff, “Sur les traités de vie conjugale aux XIXe et XXe siècles (titre à préciser)

     

    Jeudi 11 mai, 14h-16h

    Estelle Oudot, Penser la prose pour chanter Athènes. De la rhétorique à la littérature : les innovations du Panathénaïque d’Aelius Aristide

    Mélissa Leuzy, "Alexandre entre histoire et épopée : modalités et enjeux des références épiques dans l’Anabase d’Arrien"

     

    Jeudi 15 juin, 14h-16h

    Jean-Luc Martine, "La littérature ou la vie ? Ce que la littérature fait aux œuvres : le cas de La Religieuse de Diderot"

    Jacques Poirier, "L'histoire littéraire en question(s) dans l'entre-deux-guerres

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  • Séminaire linguistique 2022

    webprogramme seminaire linguistique2022

     

    Mardi 20 septembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Séance inaugurale du séminaire (pas de conférence)

    Samir Bajrić, université de Bourgogne

     

    Mardi 27 septembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Le micro-système temporel en français oral contemporain

    Thierry Ponchon, université de Reims Champagne-Ardenne

    Résumé

    De prime abord, la syntaxe du français parlé se différencie de celle du français écrit par la brièveté des phrases et la simplicité de leur structure. La situation de l’énonciation immédiate, de dialogue notamment, par rapport à l’énonciation médiate dans la linéarité de l’expression écrite, en­traîne des ruptures, des reprises, des amendements, des répétitions, des suspensions et s’accompagne souvent de gestes. Le discours parlé se pré­sente donc comme une association de phrases correctes selon la norme gram­maticale absolue et de bouts de phrases, de faux départs, de syntag­mes et de mots fragmentaires ou isolés, comme dans cet exemple du corpus Elicop :

    « eh bien c’est après que je suis venu ici à Gerzat après cette guerre n’est-ce pas je suis venu pour moi aussi personnellement euh j’ai passé les mei la meilleure partie de ma jeunesse euh à la guerre n’est-ce pas. » (http://bach>. arts.kuleuven.ac.be/lancom/abstract.htm)

    Cet extrait montre que le tissu textuel est approximatif et contraire à ce qui est attendu de la forme écrite. Dans la mesure où ces caractéristiques du français parlé apparaissent dans nombre de couches sociales, elles peuvent être considérées comme spécifiques de ce registre. Et tout échantillon suffisamment étendu montre clairement l’importance cruciale des marques de structuration.

    Plusieurs phénomènes syntaxiques typiques du français parlé sont ainsi aisément décelables : les répétitions, les ruptures de phrases, les suppressions, les faux départs, l’emploi des différentes formes présentatives, l’usage de la thématisation, les spécificités de l’interrogation intonative et la prédominance de la parataxe.

    Ce sont ces différentes spécificités qui seront envisagées dans cette communication.

     

    Mardi 4 octobre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    La linguistique théorique au regard de la linguistique appliquée

    Pierre-André Buvet, université Sorbonne Paris Nord

    Résumé

    Notre exposé portera sur les interactions entre linguistique théorique et linguistique appliquée. Nous défendrons la thèse selon laquelle la linguistique appliquée sert de cadre expérimental à la linguistique théorique. Nous présenterons un modèle linguistique et des applications directement issues de cette modélisation. Nous discuterons ensuite des conséquences théoriques  de la mise en œuvre de ces applications.

     

    Mardi 11 octobre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Le conseil de classe le/la félicite ; l’ubiquité énonciative de la troisième personne dans les bulletins scolaires

    Isabelle Monin, université de Reims Champagne-Ardenne

    « LE CONSEIL DE CLASSE LE/LA FÉLICITE »

    L'UBIQUITÉ ÉNONCIATIVE DE LA TROISIÈME PERSONNE DANS LES BULLETINS SCOLAIRES

    Résumé :

                Que ce soit pour distribuer accessits ou mises en garde, éloges, remontrances ou conseils, les enseignants usent avec une relative solennité de la troisième personne dans les bulletins scolaires. Particulièrement dotée de souplesse morphologique et référentielle, elle est susceptible de renvoyer à toutes les places d'interlocution, un phénomène lié notamment aux spécificités énonciatives de ce genre de discours.

    Sujet énonciatif, sujet syntaxique et/ou sujet délocuté, nous en observerons les manifestations visibles et invisibles dans une sélection d'occurrences issues d’extraits de Livrets scolaires uniques (LSU), du Cycle 1 au Lycée. En effet, cette troisième personne est capable d’y revêtir différentes formes : prénom, pronoms (personnel et relatif), groupe nominal (allusif, individuel ou collectif), description définie autonyme et même ellipse, elle est utilisée par les énonciateurs enseignants pour désigner n’importe quel référent concerné de près ou de loin par l’énoncé.

    En conséquence, nous questionnerons la valeur communicationnelle de ces choix lexicaux et syntaxiques, à partir de la relation entre les places d’interlocution et les positions énonciatives (Saunier 1998) dans ce contexte, et son incidence sur la portée pragmatique de nos énoncés. Plus précisément, au vu du schéma énonciatif du bulletin scolaire et de son rôle, si le concept exclusif de non-personne (Benveniste 1966/1974) semble ici un leurre – en ce que l’utilisation de la troisième personne ne peut exclure son référent des destinataires directs de ces écrits – elle met à mal les possibilités d’intersubjectivité, d’une part, et d’autre part fonctionne comme un “masque discursif” (Riedinger 2021) lorsque l’énonciateur en use pour se désigner lui-même.

     

    Mardi 18 octobre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Fallait-il "emmerder les non-vaccinés" ? Analyse du phénomène médiatico-discursif des petites phrases, entre polémique et panaphorisation

    Damien Deias, université de Lorraine

    Résumé :

                Le 5 janvier dernier, tous les grands titres de la presse nationale française relayaient un segment de discours extrait d’un entretien qu’Emmanuel Macron avait donné la veille au Parisien : « Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout. ». L’énoncé était alors qualifié de « petite phrase », dénomination discursive forgée par les professionnels de la communication et les journalistes, et aujourd’hui connue et reconnue par le plus grand nombre.  La circulation de cet énoncé est emblématique de ce que Maingueneau nomme la « panaphorisation », la saturation provisoire de l’espace médiatique par un événement de discours, qui s’accompagne d’une polémique sur la justification et le bien-fondé de sa production.

                Ce phénomène médiatico-discursif est pourtant complexe. Fruit d’une co-construction verticale entre des acteurs politiques et des journalistes, le détachement de ces énoncés s’opère selon des critères qui constituent un contrat de communication implicite. Leur mise en circulation implique des réarrangements selon les genres de discours où ils sont insérés – troncations, reformulations partielles… - de sorte qu’une « petite phrase » correspond bien souvent à un ensemble de formulations, à l’instar des formules (Krieg-Planque). Enfin, objet de contre-discours et de parodies, la dénomination « petite phrase », catégorie dépréciée, caractérise souvent le discours de l’autre, celui de l’adversaire.

    Au terme de cette réflexion, nous nous essayerons donc à répondre à la question posée par le titre : fallait-il vraiment prononcer cet énoncé et le verbe « emmerder », qui a résonné aux oreilles de nombreux destinataires comme un performatif ?

     

    Mardi 25 octobre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    I Came, I Saw, I Taught

    Mary Bouley, université de Bourgogne

    Résumé :

           The vision of a lingua franca:  the yearning goes back at least as far as Condorcet’s eighteenth-century dream of a universal language.  Few would deny that in today’s internet- and social media-saturated world, that language is English.

    Yet English is most certainly not that universal language permitting “equal knowledge of necessary truths” envisioned by Condorcet.  It is a language colored by the colonial past of the British Empire and the present-day economic, military and cultural power (some would use the term “imperialism”) of the United States, two influential nations in which the language is spoken.  How one tallies the costs and benefits of English as the world’s dominant lingua franca will depend, in part, on how one looks at language:  as a tool for international and intercultural communication, as a marker of identity, as an instrument of power, a tool for democracy, a commodity on the professional and cultural market, a human achievement.

    It is in this complex context that my remarks take root, and more specifically in the environment of education in France, a country resolute in its protection of the national language.  What empowerment is offered by the international adoption of English as a shared language?  What risks for national, local and regional languages and for the speakers of those languages?  How does the neoliberal reframing of educational objectives toward a market model in higher education influence our teaching (specifically the teaching of language and teaching in the English medium) and thus our students’ learning?  What, in addition, are the dangers posed by the global spread of English for native speakers of the language?

    I will explore these questions through the prism that is mine: a native speaker of American English, a longtime educator in France at various levels and contexts of instruction and, more recently, the director of the Language Center at the University of Burgundy.  My exploration will be experience-based, necessarily narrow-angled and anecdotal but, I hope, enlightening in its way.

     

    Mardi 8 novembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Théories et pratiques en dialectologie générale : empirisme critique et intégration macro-systémique des endémismes

    Jean-Léo Léonard, université Paul Valéry Montpellier 3

    Résumé :

    1. Ligne de mire

    (en lieu et place »objectif ») : revisiter et infirmer quelques mythes (ou mythèmes), en dialectologie d’oïl

    Mythème 1 ( les dialectes seraient statiques, hérités du Moyen âge ou de la période du Moyen français, périodes « formatives »

    Mythème 2 ( les dialectes d’oïl n’auraient été que ruraux des sociolectes rustiques Ils auraient été peu pratiqués dans les villes, voire même dans les bourgs Villes et bourgs ne pouvaient être qualifiés de « centres directeurs » town dialects

    Mythème 3 continuisme ou la « tapisserie » de Gaston Paris) les dialectes d’oïl se fondent en un continuum de fin dégradé, les dialectes n’existent pas vraiment Faux, ou du moins trop vague et empiriquement non ancré (aucune contextualisation externe derrière cette assertion) Notre étude de cas maraîchine montre le grain fin de l’interactionnisme entre sous dialectes à part entière au sein de diasystèmes (et non de simples points ou pointillés d’un continuum impressionniste)

    Objectif de la déconstruction de ces mythèmes contribuer à une dialectologie générale, en synergie avec la linguistique théorique et descriptive, notamment avec la typologie linguistique, mais de manière « non essentialiste»

    Ces mythèmes sont des apories ; ils bloquent la réflexion en dialectologie générale

     

    Mardi 15 novembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    La langue populaire au début du XXe siècle : les représentations à l'épreuve de l'archive

    Agnès Steuckardt, université Paul Valéry Montpellier 3

    Résumé :

    Les représentations d’une langue du peuple occupent, à partir du milieu du XIXe siècle, une place grandissante dans la littérature, que ce soit dans les romans, d’Eugène Sue à Victor Hugo, ou dans les chansons, d’Aristide Bruant à Jean Richepin. Quand commence la Grande Guerre, les journaux se passionnent pour l’« argot des tranchées », bientôt étudié par les philologues. Dans quelle mesure cette « langue populaire », représentée et décrite, correspond-elle aux pratiques linguistiques réelles des classes populaires ? Si leur parole vive ne nous est pas accessible, les archives collectées pendant le Centenaire de la Grande Guerre permettent aujourd’hui de mieux connaître leur pratique linguistique écrite et de confronter une langue populaire construite par les lettrés avec des usages attestés chez les moins lettrés. C’est à cette confrontation, menée sur la base des archives collectées dans Corpus 14 (https://www.univ-montp3.fr/corpus14/), qu’invite cette conférence.

     

    Mardi 22 novembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    Analyser les textes philosophiques aujourd’hui

    Malika Temmar, université de Picardie Jules Verne

    Résumé :

    L’analyse du discours est un domaine de recherche bien connu aujourd’hui en France. Après avoir rappelé ses fondements et ses principes, il s’agira ici de se saisir d’un exemple de terrain d’investigation de ce champ, celui de la philosophie. Cette communication cherchera à mettre en valeur la façon dont on peut se saisir des outils d’analyse du discours pour aborder ce type de texte particulier. Les approches énonciatives et pragmatiques seront privilégiées pour analyser les formes expressives de ce genre de discours. Notre présentation mettra en valeur les différents genres et les supports sur lesquels on trouve le discours philosophique, outre les textes sources doctrinaux, il s’agira également d’interroger les nouvelles formes de diffusion de la philosophie dans les médias français.  

    Mardi 29 novembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

    La linguistique textuelle française et l'héritage de l'École de Prague au XXI° siècle

    Guy Achard Bayle, université de Lorraine

    Résumé :

    Pour dérouler la chronologie et justifier la continuité épistémologique annoncées ou impliquées par notre titre, notre exposé suivra trois étapes :

    Dans un premier temps, nous reviendrons sur les fondements du Cercle linguistique de Prague (CLP), en suivant ses textes fondateurs de 1929 (https://cercledeprague.org/pdf/theses.pdf), et en mettant l’accent sur leur orientation fonctionnaliste (et pas seulement structuraliste) ; cette orientation fonctionnaliste préfigure avec plusieurs décennies d’avance, l’évolution de la linguistique disons classique ou « traditionnelle » vers les « sciences du langage », autrement dit, pour ce qui nous concerne, la « linguistique des textes et des discours ».

    Dans un deuxième temps, nous verrons comment la « seconde École de Prague », qui a mis elle l’accent sur la « syntaxe fonctionnelle », a permis dans les années 70 l’éclosion de théories linguistiques aussi diverses, mais complémentaires en termes de cohésion-cohérence macrosyntaxique ou transphrastique, que celles de Halliday & Hasan en Angleterre, ou Combettes et Adam en France ou en Suisse… Entre autres, tant les travaux néo-pragois sur l’actualisation informationnelle de la phrase, ou encore les progressions thématiques, ont eu d’écho, dans toute l’Europe centrale, mais encore en Scandinavie, en Italie, en Espagne…

    Dans un troisième temps, nous verrons, sur la base de nos propres travaux, menés pour la plupart en collaboration avec le Pr Ondřej Pešek, franco-romaniste membre du CLP, comment se développe aujourd’hui une linguistique des niveaux « mésotextuels » : le récent ouvrage d’Adam sur le paragraphe en est une des plus fortes illustrations et des plus riches explorations. Avec le Pr Pešek, nous avons également exploré l’organisation informationnelle des paragraphes, mais aussi celle qui se situe, disons, au-dessus, entre paragraphes (https://journals.openedition.org/discours/10799) ; et nous nous tournons aujourd’hui vers l’étude de celle des autres niveaux « méso », comme la période et la séquence.

     

    Mardi 6 décembre 2022, 15h 00 – 17h 00, salle des séminaires MSH

    Donner un ordre dans l’espace public

    Mustapha Krazem, université de Lorraine

    Résumé :

    L’injonction consiste à ce qu’un locuteur A pose un acte de langage visant à ce que le destinateur B exécute le procès voulu par le locuteur A.

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    La langue dispose de multiples moyens pour réaliser une injonction. Il est même des moyens non linguistiques de réaliser cet acte (par exemple le panneau « sens interdit ».

    On s’intéressera à la façon dont l’injonction est réalisée dans l’espace public en se limitant aux formes linguistiques exemplifiées ci-dessous :

                Je garde deux mètres de distance pour protéger les autres

                Gardez deux mètres de distance pour protéger les autres

                Gardons deux mètres de distance pour protéger les autres

                Garder deux mètres de distance pour protéger les autres

    . On montrera l’évolution de l’emploi de ces formes depuis une vingtaine d’années, les formes en JE tendant à envahir l’espace public au détriment de l’impératif de deuxième personne. On tentera d’en comprendre les raisons sociologiques tout en montrant que potentiellement toutes les formes ci-dessus étaient prêtes à mettre en valeur des propriétés qui leur sont inhérentes même si elles étaient moins sollicitées auparavant.

     

    Mardi 13 décembre 2022, 15h 00 – 17h 00, salle des séminaires MSH

    « Parce qu'euh... j'ai connu un mec qui est un homme averti qu'en vaut deux. Eh ben... » (Coluche)

    Samir Bajrić, université de Bourgogne

    « L’article prend valeur relativement à un problème qui n’existe pas seulement pour l’esprit d’un peuple, mais universellement pour l’esprit humain, par le fait même du langage. Ce problème date du jour où un esprit d’homme a senti qu’une différence existe entre le nom avant emploi, simple puissance de nommer des choses diverses et diversement concevables, et le nom qui nomme en effet une ou plusieurs de ces choses. Il s’est posé avec plus de force, à mesure que ce sentiment devenait plus net, et il a été résolu [...] par l’invention de relations systématiques entre le nom virtuel et le nom réel. Les articles sont, dans la langue, le signe apparent de ces relations ».[1]

    La linguistique française (en France et ailleurs) dispose d’un nombre difficilement calculable de travaux portant sur la catégorie grammaticale nommée article. Parmi ces travaux, nombreux sont ceux dont le modèle interprétatif concerne, de près ou de loin, les principes de systématique du langage, courant linguistique fondé par le linguiste français Gustave Guillaume. En publiant son excellent ouvrage Le Problème de l’article et sa solution dans la langue française, en 1919, Guillaume a ouvert une très longue série de recherches extrêmement fécondes en la matière. L’on ne compte plus les travaux dans lesquels Guillaume et les guillaumiens fournissent les bases explicatives à propos des articles français un et le.

    Cette conférence mettra l’accent uniquement sur l’article un, communément appelé article indéfini, et qui tire son origine, semble-t-il, de la catégorie du nombre, en français et dans les autres langues concernées.[2] On s’aperçoit que, lors du passage de l’idéogenèse à la morphogenèse, l’esprit du locuteur fonde l’apport notionnel sélectionné (extensité) alternativement dans une valeur d’article ou / et dans une valeur de numéral. Cette discontinuité catégorielle est de nature à créer des ambiguïtés d’interprétation et des saisies médianes ou bi-tensorielles :

    • Quand il y a un doute, c’est qu’il n’y a pas de doute (à partir de l’anglais : Whenever there is any doubt, there is no doubt)
    • Une fois, on était au restaurant…
    • (en temps de paix) : J’ai tué un - Quoi ?! Quel homme ? / Un seul homme ?
    • (en temps de paix) : J’ai tué des - Quoi ?! Quels hommes ? / Combien d’hommes ?
    • (en temps de guerre) : J’ai tué un homme = « un seul / 1 homme »
    • ça marche moins bien avec : Chéri, j’ai un amant…

     

    [1] Guillaume G., Le Problème de l’article et sa solution dans la langue française, Paris, Hachette, 1919, p. 21-22.

    [2] À titre de rappel, la partie de langue nommée article n’est pas partie intégrante des universaux du langage. En effet, nombre de langues ignorent cette catégorie.

    Lire la suite : Séminaire linguistique 2022

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