Résumé : Tentative d’intégration de l’analyse phonostylistique à l’étude de la bande dessinée, ce travail a pour but d’enquêter sur la matérialisation du contenu mental de l’émotion dans la bande dessinée à partir des études d’Iván Fónagy sur l’ensemble stratifié et complexe de l’expression du langage, conçu comme système et processus sémiotique. C’est exactement en qualité de système sémiotique que l’on veut considérer le médium, comme combinaison originale de deux formes de l’expression, un code verbal et un code iconique. À l’appui de l’intention proposée, nous choisirons comme champ théorique d’application à la transposition en bande dessinée de l’immense chef-d’œuvre proustien À la recherche du temps perdu, entamée en 1998 par Stéphane Heuet.

L’approche méthodologique à suivre prévoit trois étapes étroitement liées l’une à l’autre par le seul fil rouge de la vive voix, point focal du modèle fónagyen de la communication en double encodage. Si la première étape repose sur l’exigence d’offrir des fondements de psycho-phonétique, la deuxième se fonde sur la volonté de reconstruire la courbe mélodique proustienne, en postulant l’existence de constantes prosodiques et de schémas rythmiques propres à son écriture, révélatrice du moi le plus profond. La troisième étape se base enfin sur l’élaboration d’un appareil théorique essentiel à l’analyse de la transposition iconique de la Recherche. Dans cette dernière phase, l’étude de l’articulation de la totalité organique de la bande dessinée, des mécanismes déclencheurs du sens et des stratégies mises au service de la voix sera fondamentale.